L'emprise d'Airbnb sur le parc locatif
Le tragique incendie du 16 mars 2023 dans le Vieux-Montréal a mis en lumière l’impunité d’Airbnb, qui permet à ses utilisateurs de contourner facilement les lois, réglementations municipales et règles du bâtiment, suscitant une pression publique et médiatique qui a forcé la multinationale à retirer des annonces illégales de sa plateforme et à exprimer sa volonté de se conformer à la Loi sur l’hébergement touristique. Toutefois, les effets délétères des plateformes d’hébergement de courte durée vont bien au-delà de la simple question de la conformité réglementaire. D’ailleurs, le Regroupement des comités logement et associations de locataires du Québec (RCLALQ) estime que, en février 2023, 79 % des 29 482 annonces sur la plateforme Airbnb n’étaient pas certifiées et donc illégales.
Le dernier rapport du RCLALQ sur les évictions forcées indiquait par exemple qu’il y avait eu en 2022 une hausse importante des évictions de locataires pour changement d’affectation, et que bon nombre de ces changements d’affectation visaient à transformer les logements en hébergements touristiques. Dans un contexte de sévère crise du logement, les plateformes d’hébergement de courte durée, même lorsqu’elles opèrent dans la légalité, contribuent donc directement à l’augmentation du nombre d’évictions et à accentuer la pénurie par le retrait d’unités de location de longue durée. C’est une perte de logements locatifs au profit des touristes.